- International
- Russie
Quatre assaillants présumés ont été arrêtés, samedi. Vladimir Poutine, qui a promis de «punir» les responsables de l’attaque, et n’a rien dit de la revendication de l’organisation Etat islamique, a assuré que les assaillants étaient en chemin vers l’Ukraine.
Le Monde avec AFP
Temps de Lecture 5 min.
-
Ajouter à vos sélections
Ajouter à vos sélections - Partager
- Partager sur Facebook
- Envoyer par e-mail
- Partager sur Linkedin
Au moins 133personnes ont été tuées et plus de 100blessées, vendredi 22mars au soir, dans une attaque menée par des hommes armés dans une salle de concert à la périphérie de Moscou.
Lire aussi | En direct, attentat près de Moscou: la Russie observe dimanche une journée de deuil national; le groupe Piknik présente ses condoléances aux familles des victimes
Samedi, des dizaines de Russes ont afflué dès l’aube vers des centres de dons du sang à Moscou et vers des mémoriaux improvisés, encore sous le choc après l’attaque armée qui a endeuillé le pays. Tandis que, selon le Kremlin, les quatre assaillants ont été arrêtés, Vladimir Poutine a promis de «punir» les responsables de l’attaque sans évoquer la revendication de l’organisation Etat islamique.
Un assaut mené par plusieurs personnes lourdement armées
La police et les forces spéciales étaient encore déployées, et des centaines de secouristes poursuivaient les travaux de déblayage des débris, samedi devant le Crocus City Hall.
La veille, vers 20h15heure (18h15à Paris), selon les services de secours, cités par l’agence Interfax, un «groupe de deux à cinq personnes non identifiées portant des uniformes tactiques et armées d’armes automatiques» a «ouvert le feu sur les agents de sécurité à l’entrée de la salle de concert» du Crocus City Hall, qui fait partie d’un immense centre d’expositions à Krasnogorsk, au nord-ouest de la capitale russe, puis a «commencé à tirer sur le public», avant le début d’un concert de rock.
«Juste avant le début, nous avons tout d’un coup entendu plusieurs rafales de mitraillette et un terrible cri de femme. Puis beaucoup de cris», a raconté à l’Agence France-Presse (AFP) Alexeï, un producteur de musique qui se trouvait dans une loge au moment de l’attaque. «Les personnes qui se trouvaient dans la salle se sont allongées sur le sol pour se protéger des tirs, pendant quinze à vingt minutes, après quoi elles ont commencé à sortir en rampant», selon un journaliste de l’agence de presse publique RIA Novosti.
Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Près de Moscou, un attentat lors d’un concert fait plus de cent morts
Les auteurs auraient ensuite incendié le bâtiment à l’aide d’un «liquide inflammable», a déclaré le Comité d’enquête samedi. L’important feu du bâtiment abritant la salle de spectacle «a été quasi circonscrit» par les pompiers, a annoncé Andreï Vorobiov, gouverneur de l’oblast de Moscou, aux premières heures samedi. «Le toit de l’auditorium s’est effondré et le retrait des décombres continue», a-t-il expliqué.
Le bilan de l’attaque s’est alourdi à 133 morts, a annoncé samedi après-midi le comité d’enquêtes. Dans un communiqué, les enquêteurs ont expliqué avoir trouvé «d’autres corps en déblayant les décombres». «Les opérations de recherche se poursuivent», ont-ils précisé. «Le travail se poursuivra pendant encore, au minimum, quelques jours», a écrit sur Telegram Andreï Vorobiov, samedi.
L’organisation Etat islamique a revendiqué l’attaque
Un communiqué publié en fin de soirée vendredi par l’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué l’attentat. Des combattants de l’EI «ont attaqué un grand rassemblement (…) dans les environs de la capitale russe Moscou», a affirmé l’EI sur l’un de ses comptes Telegram. Le groupe djihadiste, qui a déjà ciblé la Russie à plusieurs reprises, a affirmé que son commando avait ensuite «regagné sa base en toute sécurité».
Selon le communiqué de revendication, l’attaque a été menée par l’organisation Etat islamique au Khorassan (EI-K), branche de l’EI implantée en Afghanistan, qui a déjà menacé la Russie par le passé.
Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application
«L’attaque a été menée par quatre combattants de l’EI armés de mitrailleuses, d’un pistolet, de couteaux et de bombes incendiaires», a précisé, samedi, l’organisation dans un message publié sur l’un de ses comptes Telegram. L’EI a affirmé que l’attaque s’inscrivait «dans le contexte (…) de la guerre faisant rage» entre le groupe et «les pays combattant l’islam».
L’EI, que Moscou combat en Syrie et qui est actif aussi dans le Caucase russe, a déjà commis des attentats en Russie depuis la fin des années 2010. Mais le groupe n’y avait jamais revendiqué une attaque d’une telle ampleur.
Moscou affirme que les assaillants ont été arrêtés
Le Kremlin a annoncé samedi «l’arrestation de onze personnes, dont quatre terroristes impliqués dans l’attentat». Ces quatre personnes soupçonnées d’être les auteurs de l’attaque – des «citoyens étrangers» selon les autorités – ont été arrêtées dans l’oblast de Briansk, frontalière de l’Ukraine et de la Biélorussie, a ensuite précisé le Comité d’enquête.
Sans mentionner la revendication de l’EI, le FSB a affirmé que les suspects avaient des «contacts du côté ukrainien» et comptaient fuir dans ce pays. Les autorités n’ont avancé aucune preuve de ces liens supposés, dont la nature n’a pas été précisée. L’Ukraine a fermement nié tout lien avec l’attaque et affirmé que la Russie, dont elle combat l’offensive depuis deux ans, cherchait à lui faire porter le blâme.
Vladimir Poutine promet de «punir» les responsables, sans réagir à la revendication de l’EI
Lors d’une allocution télévisée, samedi 23mars, Vladimir Poutine a dénoncé un acte «terroriste barbare» et déclaré un jour de deuil national dimanche. Le président russe a promis de «punir» les responsables de l’attaque. Il n’a pas mentionné la revendication du groupe djihadiste Etat islamique (EI), affirmant seulement que les assaillants avaient été arrêtés en chemin vers l’Ukraine.
Vladimir Poutine s’était entretenu dans la nuit avec les responsables des forces de l’ordre et des services de secours. Selon les agences de presse russes citant le Kremlin, le président a reçu les rapports du directeur du FSB, du comité d’enquête, de la garde nationale, ainsi que des ministres de l’intérieur, de la santé et des situations d’urgence.
Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a annoncé l’annulation de tous les événements publics. Les principaux musées et théâtres de la capitale ont annoncé leur fermeture. Des mesures de sécurité renforcées ont été mises en place, selon la télévision russe, notamment dans les aéroports.
Lire aussi | Attaque terroriste près de Moscou: la Russie appelle «la communauté mondiale tout entière» à condamner l’attentat
L’ombre du terrorisme planait sur la Russie
La Maison Blanche a déclaré, vendredi soir, avoir récemment mis en garde la Russie contre une attaque terroristeà Moscou. «Au début de ce mois, le gouvernement américain disposait d’informations sur un projet d’attentat terroriste à Moscou, visant potentiellement de grands rassemblements, y compris des concerts, et Washington a partagé ces informations avec les autorités russes», a déclaré Adrienne Watson, porte-parole du conseil de sécurité nationale américain.
Une version que Moscou n’a pas confirmée. «Si les Etats-Unis disposent ou disposaient de données fiables à ce sujet, ils doivent les transmettre immédiatement à la partie russe», avait réagi MmeZakharova vendredi soir à propos des mises en garde adressées le 7mars par l’ambassade américaine enRussie à ses citoyens concernant des risques d’attentats àMoscou. L’ambassade, suivie par son hom*ologue britannique, appelait notamment à «éviter les grands rassemblements, y compris les concerts», au cours des quarante-huit heures suivantes. Récemment, le 19mars, Vladimir Poutine évoquait encore cet avertissem*nt en dénonçant «un chantage explicite et une volonté de déstabiliser et d’effrayer notre société».
Ce même 7mars, le FSB avait assuré avoir déjoué un projet d’attentat contre une synagogue moscovite, attribué à des terroristes afghans liés à l’organisation Etat islamique. Quelques jours plus tôt, en Ingouchie (Caucase du Nord), les forces de sécurité avaient mené l’assaut durant une nuit entière contre une maison de la ville de Karaboulak, tuant «six combattants», selon les autorités.
En2002, des combattants tchétchènes avaient pris en otage 912 personnes dans le théâtre moscovite de la Doubrovka pour réclamer le retrait des troupes russes de Tchétchénie. La prise d’otages s’était achevée par un assaut des forces spéciales et la mort de 130 personnes, la quasi-totalité d’entre elles asphyxiées par le gaz utilisé par les militaires.
Le Monde avec AFP
L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
Contribuer
Réutiliser ce contenuLe Monde Ateliers
Découvrir